Exposition



Next Minute Tourism
du 22 juin au 31 juillet 2015
Château de Beaumanoir – 22630 ÉVRAN







Château de Beaumanoir, Évran


Genèse d’un projet

Lorsqu’Isabelle et Fabrice Constantin nous ont offert l’opportunité d’assurer la programmation artistique de l’été dans leur splendide château de Beaumanoir, nous avons été pris quelque peu au dépourvu, la proposition ne ressemblant pas à celles que notre association a, petit à petit, pris l’habitude de gérer. Nous avons longuement cherché et hésité, avant de conclure que nous ne savions pas y répondre pour l’été 2015. C’est alors que nous avons rencontré, de façon tout à fait fortuite, Thierry Gilotte, jeune artiste au parcours atypique. Ingénieur Civil de Mines reconverti aux arts plastiques après une expérience dans l’exploitation pétrolière offshore et une formation à l’EESAB (École européenne supérieure d’art de Bretagne) de Rennes, il nous a présenté des photographies de ses travaux, lesquels nous ont immédiatement séduits. C’est alors que le déclic est survenu… La distance de Rennes à Évran n’excède pas cinquante kilomètres et la capitale bretonne est un foyer actif pour la jeune création artistique… Mais pourquoi donc n’y avions-nous pas pensé plus tôt ?
    Thierry a accepté de relever le défi et, dans le laps de temps très bref de quelques semaines, a négocié et obtenu la contribution de son école pour le déplacement des œuvres qui seront exposées, puis convaincu cinq autres récents diplômés de l’EESAB de participer à l’aventure et pris en charge le commissariat de la manifestation Next Minute Tourism.
    Il est évidemment question de temps – celui qui passe, time, mais aussi, parfois, de celui qu’il fait, weather – dans les propositions des six exposants. Leurs productions témoignent d’une grande maturité et, partant, de l’excellence de leur formation. Ils ont su profiter de l’enseignement de leurs professeurs sans les imiter, défaut trop souvent relevé chez les jeunes artistes tout frais émoulus des ateliers de leurs écoles. Certes, leurs productions sont souvent protéiformes, défaut – ou qualité – de jeunesse, mais elles ne tombent jamais dans la facilité ni ne cèdent aux sirènes d’un académisme de la transgression, devenu phénomène de mode, aussi éphémère qu’inconsistant.
    En aucun cas nos six jeunes protagonistes ne peuvent être traités comme des touristes, dans le sens péjoratif[1] parfois associé à ce mot. C’est donc dans leurs œuvres qu’il faut que le spectateur cherche la surprise et la fraîcheur du dépaysement. Il les trouvera à coup sûr, nous en sommes convaincus…

Annick & Louis Doucet, juin 2015



[1] « Amateur, personne qui s’intéresse aux choses avec curiosité mais d’une manière superficielle » selon le Trésor de la langue française.











Thierry Gilotte
Roue


Next Minute Tourism

Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est.
Marcel Proust, in La Prisonnière.

Chacun des artistes exposés dans Next Minute Tourism y a amené une œuvre qui témoigne de cet univers personnel qu’il explore. Devant ce qui peut donc être considéré comme récits, souvenirs, documents ou trophées exotiques, le visiteur est invité à entrer avec curiosité et candeur sur ces terres étrangères pour en imaginer les contours, les plages, les habitants, les mythes…
    Le château de Beaumanoir : c’est la portée symbolique du lieu d’exposition qui m’a amené à penser les artistes invités comme les ambassadeurs de ces univers qu’ils représentent. Les objets que vous y rencontrerez explorent les frontières du familier et de l’étrange, de la réalité et du fantasme. Ces confrontations s’inscrivent, pour nous six, dans le prolongement de nos recherches. Au cours de nos études communes à Rennes, nos échanges ont été féconds, comme pourrait l’être le dialogue de voyageurs qui se croisent au retour d’odyssées intérieures. J’ai tenu à rendre compte de cette diversité de nos pratiques par le choix des œuvres exposées.
    Chaque travail présenté ici dévoile donc un décor différent et une réalité autre, mais ils traitent tous de la façon dont nous vivons maintenant et de la façon dont nous pourrions ré-enchanter et réinventer la minute suivante.

Thierry Gilotte,
commissaire de l’exposition,
juin 2015









Antoine Bezet
中国工作 – Working China #2



Antoine Bezet
La construction des mythes – 大同, Datong, 2015


Antoine Bezet
Né à Niort en 1986

Le travail d’Antoine Bezet naît de l’observation et du décryptage des phénomènes qui nous entourent – physiques, politiques ou encore sociaux. Il cherche à mettre à jour les processus et à en révéler l’essence. Par une déconstruction méthodique ou poétique, il veut rendre visible, lisible, ce qui est caché ou méconnu.
    Ainsi, l’exposition de ses recherches s’articule autour de questionnements sur la notion d’éclatement, sur la place du fragment et son rapport à l’ensemble, sur la nature de ce qui réunit les esquilles.
    Flexible dans son rapport aux médiums et nourri par un éclectisme revendiqué, il navigue entre photographie, vidéo, installation et sculpture, jonglant avec les vocabulaires esthétiques et les pratiques.

La construction des mythes – 大同, Datong, 2015
Après être sorti du « siècle de l’humiliation » comme il l’a lui-même nommé, l’Empire du Milieu cherche à retrouver sa place dans le monde : la première. Pour cela, la Chine est prête à tout. Ce travail sur les mutations en cours dans la vieille ville de Datong est né de la surprise de l’artiste, lorsque qu’il fut spectateur de la construction d’un mythe et témoin de son prix.
    Il s’agit ici alors de dévoiler la supercherie, avant que l’illusion ne soit complète, et de montrer ses effets sur les vies alentour. Mais les choix de transcription et d’exposition de ces recherches sont aussi le lieu d’une remise en question des mythes de l’art contemporain.
    En effet, à partir d’une captation photographique, l’artiste propose une œuvre hybride à la définition floue, entre photoreportage, photo d’art ou carte postale, installation et présentoir de cartes de visites auto-promotionnelles. Une œuvre fragmenté constituée de 250 tirages autonomes. Petits formats, ils renvoient aux briques constituant la muraille. À l’infime, agglutiné, faisant masse.








Delphine Bonnet
Sans titre [photographie]



Delphine Bonnet
Hiatus


Delphine Bonnet
Née à Saint-Étienne en 1984

La démarche créatrice de Delphine Bonnet est structurée par trois notions essentielles : le corps, la peinture et l’espace. Elle investit la toile – et parfois l’espace urbain – en posant des gestes dont l’inscription interpelle mais ne laisse qu’une marque presque imperceptible, à la limite de l’invisibilité. Pour elle, la gestualité est intimement associée à l’empreinte, à la trace, à l’éphémère.
    Si son mouvement – l’acte de peindre – résulte d’une impérieuse nécessité intérieure, elle privilégie cependant la proximité entre son propre corps et le subjectile, dans une forme de corps-à-corps avec la matière picturale. En ceci, son mode d’expression, son langage plastique, s’apparente à celui d’une danseuse qui interpréterait sa propre chorégraphie. Le tableau résulte ainsi d’une performance gestuelle et mentale dans l’espace de la toile qui devient territoire pour d’infinis jeux chromatiques. Le support posé au sol permet de mobiliser le corps entier et ses déplacements dans l’acte de peindre.
    L’image ne s’impose que progressivement, au terme d’un exercice d’équilibre permanent entre spontanéité et rigueur d’un protocole convoquant corps, espace et matière dans une forme de nouveau langage en perpétuelle gestation.

Hiatus

Je cherche la vie vivante jusque dans les os. Il n’y a qu’une seule chose vivable et vivante : laisser la possibilité de l’absolu ouverte, tout le temps, ne jamais conclure, ne jamais rien achever, pas de promesse, pas d’échec, pas de menace, juste le vivant, toujours ouvert, ouvert, ouvert.
Lorette Nobécourt, in Grâce leur soit rendue.

Cette peinture appartient à la série Après la tempête qui tente de fixer et de retranscrire le paysage d’un instant bref qui nous échappe. Prendre le temps de regarder, de se laisser porter.
    Les couches de peinture, les empreintes se superposent dans un processus continu de construction et d’effacement. Il y a là une recherche d’expression de la couleur et de la matière plus que de la forme.
    Comme souvent, chez Delphine Bonnet, l’œuvre naît de l’antagonisme de deux forces contradictoires : la maîtrise et l’abandon.








Hélène Farges
Fruits [fragment]



Hélène Farges
Glitchi



Hélène Farges
Glitchi [détails]


Hélène Farges
Née à Pontoise en 1988

Les matériaux constituent le point de départ du travail d’Hélène Farges. Ils permettent généralement de déterminer la couleur, parfois la forme d’une sculpture. Elle les choisit en fonction de leurs qualités plastiques mais aussi pour leurs charges symboliques : pour ce à quoi ils nous renvoient.
    Certains matériaux nous renvoient à des univers lointains et parfois stéréotypés. En les assemblant, Elle s’interroge sur la façon dont l’imaginaire aménage l’inconnu, comment donne-t-il forme à quelque chose d’étranger ?
    À partir d’un objet, d’une matière, Hélène Farges propose un assemblage parsemé de contradictions afin d’interroger nos représentations communes et son propre rapport à l’inconnu. La rencontre d’éléments hétéroclites trouble l’interprétation, les formes sont indéfinissables et deviennent étrangères.
    La notion d’exotisme traverse son travail et oriente ses recherches formelles. L’exotisme dans son sens premier (attrait pour le divers, l’incompréhensible[1]), avec, notamment, tout ce qu’il peut y avoir de décalage entre la réalité et les représentations fantasmées.

Glitchi
Composée d’argile, de bois et de pelures de fruits, Glitchi est une sculpture qui imite grossièrement une forme végétale. Tout en empruntant sa structure à une plante, cette composition reprend les codes formels de la sculpture traditionnelle.
    Autant nature morte pétrifiée que plante exotique inconnue, il s’agissait d’assembler des éléments disparates pour créer une sculpture hybride, étrange et difficile à saisir. Les pelures de litchi utilisées sont à la fois familières et étranges. Ces peaux rugueuses qui renferment une chaire sensuelle et juteuse invitent l’imaginaire à fantasmer des univers lointains.
    L’arbre à litchi est, pour l’artiste, un arbre inconnu. En se basant sur cette ignorance elle a laissé son imaginaire (empreint de toutes sortes de stéréotypes) composer un assemblage qui serait cet arbre. C’est l’écart entre la construction mentale d’une chose inconnue et la réalité de cette même chose qui a orienté son travail.



[1] Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, Une esthétique du divers, 1986.









Thierry Gilotte
La Ville



Thierry Gilotte
Le complexe de Prométhée


Thierry Gilotte
Né à Châtenay-Malabry en 1984

Dans la pratique artistique de Thierry Gilotte, le temps de réalisation est aussi celui de la performance et d’un rapport physique à un matériau. Il sculpte des formes dans le bois. La présence charnelle et vivante de cette matière lui permet d’interroger la nature des objets qu’il représente. Ce sont des objets mécaniques, techniques et universels. Des roues, des tubes, des chaînes, des habitats. Il accorde une grande importance au plaisir du geste de la taille directe, à l’absence de repentir et donc à l’irréversibilité de cette technique : sa construction retrace les nombreuses décisions et contradictions, et sa facture témoigne par empreinte de ses gestes. Le travail est sculptural et revendique des savoir-faire acquis spécifiquement pour chaque réalisation ; l’outil au service de la main, plutôt que le corps guidé par la machine, qui mériterati alors la paternité de l’œuvre.
    Il s’agit aussi de rétablir un rythme humain dans la production pourtant très technique de ses sculptures : rythme du corps et des outils qui différencie leur travail d’un type de productions artistiques contemporaines qui sont déléguées, industrialisées. Attelé à une tâche contre-productive, il met en scène l’inutile dans une société obsédée par l’efficacité. Il y développe une invitation à remettre l’individu au premier plan dans un système à tendance globalisante, à affirmer l’être dans une société technicienne, à proposer grâce à l’art un certain mode d’existence qui diffère de la manière « normée » d’être au monde dans un contexte d’économie politique imposée.
    Par l’écriture dramaturgique et la performance, Thierry Gilotte développe ses interrogations sur nos rapports aux objets, au pouvoir qu’on leur accorde.
    Thierry Gilotte est Ingénieur Civil des Mines avec une expérience dans l’offshore. Il reprend des études à l’École des Beaux-Arts de Rennes en 2010 où il développe une pratique de la sculpture, de l’écriture dramaturgique et de la performance.

Le complexe de Prométhée
Partant du mythe de Prométhée, titan mythologique qui apporte aux hommes la démesure du feu divin et l’intelligence technique, Thierry Gilotte imagine un pays dont la nature serait entièrement rationalisée, domestiquée, transformée en un ensemble d’outils. Cette soumission de la nature à la raison, a priori libératrice et dans l’esprit des Lumières, l’homme la tente à l’aide de la technique. Ainsi, durant la réalisation de cette sculpture, chaque maillon taillé dans le bois gagne son individualité. Mais la répétition nécessaire des gestes met en scène une aliénation volontaire : c’est la technique qui dépasse le règne des moyens pour envahir le règne des fins. La sculpture Le complexe de Prométhée est comme un trophée ramené de ce pays prométhéen, preuve que l’enjeu majeur de la question de la technique, c’est la liberté du rapport établi avec elle.








Mael Le Golvan
Ilex melofolium



Mael Le Golvan
Paysage hyperboréen


Mael Le Golvan
Né à Château-du-Loir en 1986

Le système en œuvre dans l’ensemble de la pratique artistique de Mael Le Golvan est basé sur la mise en place d’oppositions, sur le fait de contredire le réel. Il semble se placer dans une posture de libre lecture / réécriture des éléments et signes de notre réalité, qu’elle soit naturelle, technique, sociale ou culturelle, sans distinction. Mais sa réécriture, comme pour mieux activer la pensée, va toujours à contre-sens. Les contradictions au sein de ses œuvres ont pour effet de produire des dynamiques créatrices de pensées et de formes esthétisées.
    Les oppositions prennent des formes variées, allant de la transformation du jour en nuit dans Paysages hyperboréens, à la personnification d’objets, tels que des flashes photographiques dans Dialogues ou une visionneuse de diapositives dans Polyphème. Dans cette dernière œuvre, on peut également relever le mélange anachronique entre mythologie, code Morse et tweet.
    Il tient également à souligner l’opposition entre apparence et réalité des œuvres. Ainsi les éléments qui semblent les plus naturels relèvent en fait d’une réalisation technique. A contrario les éléments mécaniques ou utilitaires sont poétisés. Le caractère contrariant prend aussi pour cible le spectateur qui est simultanément face à une sorte de spectacle intrigant et dérangé par la puissance lumineuse, dans Dialogues, ou par la cacophonie d’Ilex melofolium par exemple.
    La posture qui relie toutes ses productions oscille entre une forme de jeu enfantin, une naïveté feinte et des retournements ironiques plaçant le spectateur entre sourire, doute et mélancolie.
    En parallèle de son activité artistique, Mael Le Golvan travaille comme intervenant en photographie au Phakt Centre Culturel Colombier et est chargé d’enseignement à l’Université Rennes 2. Il est diplômé d’un DNSEP art obtenu à l’EESAB de Rennes en 2014 et d’un master en Arts Plastiques ayant pour thème la destruction dans la création artistique contemporaine. Ces années d’études ont été pour lui l’occasion d’affirmer une pratique hétéroclite dans laquelle les œuvres sont partagées entre données esthétiques et considérations théoriques. Ces productions plastiques prennent appui à la fois sur l’histoire de l’art et sur la société contemporaine et sont reliées par leur caractère conflictuel, par leurs mises en jeu de la contradiction.

Paysages hyperboréens
Ces photographies ont été réalisées en Norvège, au-delà du Cercle Polaire Arctique et en début d’été, durant la période nommée « jour polaire », lorsque la nuit ne tombe jamais. Le sujet est pourtant la nuit ou plutôt sa recréation, par la technique dite « nuit américaine ». De ce point de vue, ces paysages photographiques s’affirment comme des constructions, comme des fictions soulignées par certaines mises en scène. Loin d’être en osmose avec le paysage qui l’entoure, l’artiste est, non pas romantique, mais davantage une présence technique, un sujet prométhéen contredisant le réel, transformant le jour en nuit, rappelant ainsi le caractère construit de tous paysages, de toutes représentations.








Rémi Mort
Goodbye URSS



Rémi Mort
Welcome Back


    Rémi Mort
Né à Sheffield en 1988

Chez Rémi Mort, la pratique de la sculpture s’inspire des formes architecturales et industrielles. Décontextualisées, leurs structures isolées sont mises à la portée du spectateur : ayant perdu de leur démesure, perfection première et fonctionnalités, elles deviennent formes simples, dialoguant avec le regardeur dans un nouveau rapport à l’objet. Son travail s’ouvre ainsi vers le théâtre et la parole.

Welcome back
Suite directe à Goodbye URSS, sculpture d’un bloc en ciment, Welcome Back est, selon les propos de l’artiste, une « sculpture à suspense, à être contée, mais surtout à venir découvrir. » Nous sommes ici face à un élément construit, à la croisée des chemins entre sculpture, maquette et architecture véritable.
    Presque réduite à bonne échelle de ses habitantes, Welcome Back n’est pourtant pas à première vue un habitat naturel. Ce qui, à nos yeux convoite d’avantage le vocabulaire de l’ébauche ou de la ruine, offre cependant un bon nombre d’éléments nécessaires à la vie des Crematogoaster Scrutellaris. Une fourmi rouge et noire, fouisseuse, qui aime entre autre l’aridité des fissures de nos murs et pierres. Disposant de matériaux de construction adéquats, elle est libre de reconstruire synthétiquement ses galeries naturelles dans les excavations sculptées des étages de cette architecture. Une fois la protection de la reine et de son couvain assurée au cœur de la sculpture, nous pouvons observer ce réaménagement au fil du temps, étant donnée la population prolifique de la colonie.
    La maquette elle, est une reconstitution d’après image du ministère de l’agriculture et de l’industrie alimentaire à Chisinau, en Moldavie. Cette architecture soviétique des années quatre-vingt quitte les codes du réalisme socialiste pour s’orienter davantage vers le style international. Elle s’inscrit parmi les constructions tardives du régime, au moment où le gouvernement ne peut plus asseoir sa doctrine esthétique. L’artiste l’a sélectionnée dans la collection d’architectures rassemblée dans l’ouvrage Cosmic Communist Construction Photographed de Fréderic Chaubin. Sa façade reste massive et identitaire mais, habitée par des fourmis, elle peut également faire appel à des imaginaires tels que la nouvelle IGH (Immeuble de grande hauteur) de J. G. Ballard, qui lui seraient lointains s’il ne s’agissait pas de fourmis. L’échelle mise en place ici est une perspective parallèle du vivant dans nos constructions et nos usages. Là où il faudrait une ville entière pour mettre en place une utopie quelconque, ici une architecture seule prend forme. Avec l’espoir que dans certaines images prises par le spectateur, l’échelle sera faussée, l’élément construit passant du décor de terrarium au décor de cinéma, les fourmis, géantes.